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obroutcheff (sa biographie, etc...)
9 avril 2016

1916-2016 : Qui se souvient des Russes ? Des

            1916-2016 : Qui se souvient des Russes ? Des soldats russes venus combattre et mourir  pour la France en 1916-1917,  sur le Front du nord-est et en Macédoine ( Salonique) sous les ordres du Général Sarrail ?

            A l’origine de cet engagement était la Convention militaire franco-russe de 1892-1893, mise au point du 5 au 17 août 1892, à Saint Petersbourg, par le Général Nikolaï Nikolaevitch Obroutcheff, Aide de camp général de l’Armée impériale russe et le Général de division de Boisdeffre, Conseiller d’Etat, Chef d’Etat-major de l’Armée française.

            Cette Convention secrète comportait sept points qui engageaient les deux états à se porter assistance en cas de conflit avec la Triple Alliance : Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie. Elle fut ratifiée par le Tsar Alexandre III le 27 décembre 1893 (calendrier grégorien) et le 4 janvier 1894 par  le Président de la République Française.

            A la déclaration de guerre d’août 1914, les deux états ont tenu leurs engagements en portant leurs forces sur leurs frontières respectives, obligeant ainsi l’Armée allemande  à combattre sur deux fronts ce qui sauva la France à l’été 1914 en assurant la victoire de la Marne.

            Dès 1915 la question des effectifs devenait préoccupante. A la Conférence de Chantilly –6 au 8/12/1915- les alliés franco-anglais s’engageaient à fournir à la Russie une aide matérielle importante qui serait payée en or. C’est alors que resurgit le mythe du « réservoir humain russe ». Madame Helga Zepp-Larouche de l’Institut Schiller rappelait que : « L’élite française rêvait d’une alliance franco-russe, rêve en partie légitime, en partie revanchard, mais en tout cas réel. Chez les militaires, notamment, on rêvait des nombreuses divisions russes qui les aideraient à libérer l’Alsace et la Lorraine ».

            En décembre 1915, une mission dirigée par le sénateur Paul Doumer était envoyée à Petrograd (Saint Petersbourg) où il eut l’honneur  d’être invité à la table impériale et reçu en audience privée par sa majesté Nicolas II. Le but de Doumer  était d’obtenir le consentement du Tsar et de son chef d’état-major à l’envoi en France de soldats russes. Il demandait 40 mille hommes par mois ! Demande totalement indécente et déplacée  compte tenu de l’effort de guerre de la Russie dont les pertes s’élevaient pour cette même année 1915 à 2.millions 500 mille tués et blessés auxquels s’ajoutaient 1 million de prisonniers. Les Français s’en référaient à leurs pertes effroyables en hommes, en moyenne 140 mille par mois. 15% de la population était déjà mobilisé sous les drapeaux. Mais Doumer a rappelé que la France promettait des armes et demandait, en échange, des soldats. Cette proposition a profondément humilié le Chef d’Etat-major russe, le Général Alekséev qui se disait « particulièrement tourmenté de la responsabilité morale à l’égard de ces hommes que l’on se propose d’envoyer se battre parmi des étrangers, sur une terre étrangère, sous des chefs étrangers. Il fit même allusion à la possibilité du découragement parmi eux… » Cependant le Général concédait qu’il serait possible d’envoyer une division en France en précisant que les secours en hommes se limiteraient à cette unité.

            A la demande expresse du Tsar, ce seront quatre brigades qui parviendront en France puis deux d’entre-elles rejoindront la Macédoine. L’arrivée des troupes russes fut accueillie avec enthousiasme.

            Aujourd’hui, les descendants de ces illustres soldats, regroupés au sein de l’ASCERF

(Association du souvenir du Corps expéditionnaire russe en France) leur rendent hommage, chaque année, à la Pentecôte, au cimetière russe de Saint Hilaire le Grand.

            La Russie a perdu, de 1914 à 1917, 6 millions d’hommes tués, blessés et disparus. En août 1914, l’Armée russe lançait une offensive en Prusse Orientale  qui obligea les Allemands à « basculer » 2 Corps d’Armée à l’est. Ces Corps d’Armée leur firent défaut à la Bataille de la Marne.

            Le Maréchal Foch devait dire : « Si la France n’a pas été effacée de la carte de l’Europe, c’est avant tout à la Russie que nous le devons… ».

 

            Le Général de Gaulle « savait, d’expérience de soldat, que les accords secrets négociés à partir de 1892, entre le Général  de BOISDEFFRE et le Général OBROUTCHEFF, avaient joué un rôle capital en 1914. Sans eux, les troupes françaises, accablées, auraient été vaincues et, sans doute, plus rapidement encore qu’en 1870 ».

            « Le devoir de mémoire » a oublié d’honorer nos alliés venus de la lointaine Russie car la Légion d’honneur russe, qui combattit à nos côtés jusqu’ à l’armistice du 11 novembre  ne fut pas invitée  au défilé de la Victoire, le 14 juillet 1919, à Paris !

            Un siècle plus tard nous avons le devoir de nous souvenir.

Michel BERNARD coauteur avec Joëlle Le Pontois-Bernard du livre " Nikolaï Nikolaevitch OBROUTCHEFF L’Homme de la Convention Militaire franco-russe de 1892-1893 " , éditions Décalage-Productions 2011

michel.bernard@nordnet.fr

           

             

 

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